Edito estival – Des réseaux sociaux plein les naseaux


Par Cédric De Brincat Rédigé le 10/08/2014 (dernière modification le 10/08/2014)

Cette semaine, en dépit du temps incertain, je me suis rendu à la plage à la première occasion. Le drapeau orange témoignant de l'envahissement de la rive par des méduses, je restai sur la serviette et, au gré de mon oisiveté, jetai un œil à mon fil d'actualité Facebook sur mon téléphone. Que dire, sinon souligner l'évolution patente des réseaux sociaux depuis quelques années?


Edito_estival_20140810.mp3  (2.5 Mo)

Oui, ces plates-formes d'échange se sont bien métamorphosées depuis que les plus superficiels d'entre nous les ont découvertes en fin de décennie passée. Je me souviens, à mes débuts sur Facebook: après avoir négligemment éludé les conditions générales d'utilisation, je recherchais les camarades de classe, les collègues de bureau, captais tous azimuts les affinités d'intérêt, en vue de nourrir cette insatiable panse que sont les "amis" du réseau. Je correspondais avec eux par mur interposé, postais photos, vidéos, détails sordides et croustillants de ma vie privée, sans me chaloir des masses de l'éventuelle publicité de toutes ces actions. Nous sommes nombreux, parmi le milliard déjà franchi d'utilisateurs actifs, à avoir eu, avant ou maintenant, cette négligence drapée de paresse. Peut-être nous sommes-nous ravisés, ce qui change peu à l'affaire pour les stockages hypermnésiques de Facebook qui s'accroissent d'un demi-pétaoctet par jour, à l'instar de ses 4 millions de dollars de bénéfices quotidiens... Mais il y a une chose qui a beaucoup changé dans le fil d'actualité de ces réseaux, c'est la part grandissante de l'information journalistique grave et sérieuse qui se mêle aux frivolités de nos insignifiantes vies. Les révolutions arabes de 2011 tout comme la situation en Ukraine et le conflit ravivé entre Israël et Gaza, en sont autant d'illustrations.


D'où ce troublant mélange des genres où s'enchaînent indistinctement les réjouissances privées, récits oisifs mâtinés de platitude, et les images-choc de la réalité humaine, des désordres qui composent le monde. Votre mur Facebook, avouez-le, est une expérience de stupéfaction quotidienne. Ici se trouve un chat en train de jouer du clavecin, là une image sanglante de victimes civiles dans les conflits, puis la photo du rejeton de votre amie dans une maternité, déjà bousculée par le dernier camouflet qu'a pris notre Président capitaine de pédalo, et voilà encore des grossièretés signées par un illustre inconnu qui pourtant n'ignore rien de vous, et pour finir à nouveau les horreurs et les indignations de notre société. Ces fils d'actualité ainsi nourris ne seraient rien sans la kyrielle de commentaires qui les abreuvent à leur tour. Tout le monde se pique d'un avis sur des sujets qui nous dépassent, et à ce titre, je constate que Facebook a en quelque sorte rattrapé son confrère Twitter. Le petit passereau bleu, qui avait longtemps la primauté des réactions à telle ou telle actualité (politique, économique, sociale, etc.) n'a pu se rassasier de la limite de 140 caractères. Avec les commentaires Facebook, libre champ est donné à la prolixité, au bavardage, à des diatribes d'où se dégage facilement une très forte polarisation. Et toujours la problématique fragile, qui ne date pas d'hier, du vis-à-vis de l'ordinateur plutôt que de l'interlocuteur, qui lève tout filtrage ou toute modération dans les propos... Bien sûr, vous savez qu'au Podcast Journal, nous avons faculté de dépasser tout cela, de dominer l'émotion pour prendre de la hauteur de vue. Dans le cas contraire, abonnez-vous à notre page Facebook et notre fil Twitter pour vous en convaincre!





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